Mon enfant court, mais la technique est mauvaise : que faire ?

L’enthousiasme d’un enfant qui court est toujours beau à voir. Mais parfois, en tant que parent ou entraîneur, on remarque des défauts dans la posture, la foulée ou les appuis. Ces mauvaises habitudes peuvent entraîner une baisse de performance, une fatigue excessive, voire des blessures. Heureusement, il est tout à fait possible de corriger ces défauts avec des exercices ciblés, de la patience et de la régularité. Voici comment s’y prendre efficacement.

1. Comprendre ce qu’est une bonne technique de course

Avant de corriger quoi que ce soit, il faut savoir ce que l’on vise. Une bonne technique de course repose sur plusieurs éléments clés :

La posture : le dos droit, la tête dans l’alignement du corps, les épaules détendues.
Les bras : ils doivent être fléchis à 90°, proches du corps, avec un mouvement naturel d’avant en arrière.
La foulée : pas trop longue, attaque du pied au niveau du médio-pied (pas sur le talon), poussée dynamique vers l’arrière.
Le rythme : cadence stable, pas trop lente ni trop rapide.
La respiration : régulière, synchronisée avec les foulées.

Un enfant qui court mal aura souvent des bras qui croisent devant le corps, des pieds qui tapent lourdement au sol ou un corps penché vers l’avant ou l’arrière. Tous ces éléments peuvent être corrigés progressivement.

2. Pourquoi la technique est souvent négligée chez les jeunes

Chez les enfants, on pense souvent que « tant qu’ils bougent, c’est bien ». Certes, c’est mieux que de rester assis, mais cela peut aussi installer de mauvaises habitudes qui sont difficiles à corriger plus tard.

Voici quelques raisons fréquentes :

Le manque d’apprentissage technique : on laisse les enfants courir sans leur apprendre comment bien le faire.
La croissance rapide : elle déséquilibre temporairement le corps.
Le manque de renforcement musculaire : les muscles posturaux et stabilisateurs sont parfois trop faibles.
Des chaussures inadaptées : trop lourdes, trop usées ou pas assez stables.

La bonne nouvelle, c’est qu’un enfant est encore en phase d’apprentissage moteur : son cerveau est très réactif aux consignes et aux exercices techniques.

3. Les erreurs les plus fréquentes à corriger

Pour savoir par où commencer, voici quelques erreurs classiques observées chez les jeunes coureurs :

Attaque du talon : crée un freinage à chaque foulée. À corriger par un travail de foulée médio-pied.
Bras qui se balancent en croix : perte d’efficacité. À corriger par des exercices de bras coordonnés.
Corps penché vers l’arrière : déséquilibre, mauvaise poussée. À corriger par du travail postural.
Foulée trop longue ou désordonnée : source de fatigue. À corriger par des gammes de course.

L’idéal est d’observer son enfant en train de courir, de le filmer si possible, puis de cibler une ou deux erreurs à la fois.

4. Un programme de 10 semaines pour améliorer la technique (1 fois par semaine)

Voici un programme simple à faire une fois par semaine (durée d’environ 1h), adapté aux enfants de 8 à 14 ans. Il inclut échauffement, travail technique, jeu ou application, et retour au calme.

🔟 Semaine 1 : Posture et bras

Échauffement : 10 min de footing + mobilisations dynamiques.
Exos :
- Marche avec bras à 90°, va-et-vient coordonné.
- Petites foulées bras bien calés.
Jeu : slalom en courant avec maintien de la posture.
Retour au calme : 5 min marche + étirements bras/épaules.

9️⃣ Semaine 2 : Foulée médio-pied

Échauffement : 5 min de course + montée de genoux.
Exos :
- Courir pieds nus sur herbe (ligne droite).
- Petites foulées sur place en tapant léger.
Jeu : course relais sans bruit (objectif : foulée silencieuse).
Retour au calme : massage pied/cheville.

8️⃣ Semaine 3 : Coordination bras-jambes

Échauffement : 10 min + skipping lent bras calés.
Exos :
- Montée de genoux bras coordonnés.
- Course jambe gauche + bras droit (et inversement).
Jeu : course en duo avec consignes « bras en avant » ou « bras arrêtés ».
Retour au calme : respiration et étirements doux.

7️⃣ Semaine 4 : Stabilité du tronc

Échauffement : 5 min de course + gainage dynamique.
Exos :
- Planche (3×20 sec).
- Course avec gobelet sur la tête (sur herbe !).
Jeu : équilibre sur une jambe puis départ rapide.
Retour au calme : gainage relâché + étirements dos.

6️⃣ Semaine 5 : Améliorer l’impulsion

Échauffement : course + talons-fesses.
Exos :
- Bondissements pieds joints.
- Petits sauts jambe par jambe.
Jeu : parcours avec obstacles bas.
Retour au calme : étirements mollets/quadriceps.

5️⃣ Semaine 6 : Travail sur la cadence

Échauffement : 5 min de course + sauts à la corde.
Exos :
- Courir sur tempo de métronome (180 bpm).
- Petites foulées rapides sur 20 m.
Jeu : course « pieds de feu » (le plus de pas en 5 sec).
Retour au calme : respiration et détente.

4️⃣ Semaine 7 : Courses en montée et descente

Échauffement : 10 min + montées de genoux.
Exos :
- Courses en légère montée : travailler la poussée.
- Descentes en contrôle : freiner naturellement.
Jeu : relais en montée/descente.
Retour au calme : marche lente + massage jambes.

3️⃣ Semaine 8 : Révision générale

Échauffement : course libre + gammes (montées de genoux, talons-fesses, pas chassés).
Exos :
- Enchaînement de gammes sur 30 m.
- Analyse vidéo si possible.
Jeu : parcours technique chronométré.
Retour au calme : débrief et détente.

2️⃣ Semaine 9 : Course avec fatigue

Échauffement : course + échauffement jeu.
Exos :
- Foulées après 30 sec de gainage.
- Sprint après 3 tours de terrain.
Jeu : course « fatigue + précision » (toucher une cible).
Retour au calme : respiration allongée + étirements.

1️⃣ Semaine 10 : Test et évaluation

Échauffement : classique + gammes.
Test :
- Course 40 m chrono + vidéo.
- Passage devant un miroir ou caméra.
Jeu : parcours libre en musique.
Retour au calme : félicitations + étirements en groupe.

En résumé

Corriger la technique de course de son enfant, c’est lui offrir les bases pour progresser, se faire plaisir et éviter les blessures. En suivant un programme hebdomadaire ludique et structuré, les résultats peuvent être visibles très rapidement. L’important est d’y aller étape par étape, sans brusquer, et surtout en gardant le plaisir de courir intact.